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12 novembre 2012 1 12 /11 /novembre /2012 14:58
La dengue se propage en Inde faute d'une surveillance efficace
LE MONDE |  09.11.2012 à 16h27 Par Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)
Opération de fumigation antidengue dans un quartier aisé de New Delhi, le 8 novembre.

 

La résurgence de la dengue en Inde et dans sa capitale, New Delhi, souligne les carences du système de surveillance du pays, susceptible d'endiguer la propagation de la maladie. D'après les autorités indiennes, 33 246 cas – dont 201 se sont soldés par des décès – ont déjà été recensés en 2012, soit près du double qu'en 2011. Mais en réalité, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le nombre de personnes infectées par le virus pourrait être mille fois supérieur.

La dengue, qui se transmet par les moustiques, se manifeste par de la fatigue ou une forte fièvre et peut conduire à des décès dans 1 % à 2 % des cas. Il n'existe aucun vaccin véritablement efficace. "L'augmentation du nombre de cas recensés est en partie liée à une meilleure distribution de kits de détection", temporise le docteur Dhariwal, directeur du programme de contrôle national des maladies à transmission vectorielle.

Le programme de surveillance – très partiel – lancé par la Banque mondiale en 2005, en partenariat avec l'Etat indien, a néanmoins montré qu'en 2009, les cas de dengue représentaient 7,8 % des flambées épidémiques, juste derrière le paludisme et les fièvres diarrhéiques.

"3 500 AGENTS FONT DU PORTE-À-PORTE"

C'est surtout dans les grandes métropoles densément peuplées que se trouve le foyer endémique de la dengue. Il s'étend ensuite vers les villes secondaires. A New Delhi, qui concentre près du quart des cas du pays, la maladie frappe surtout les quartiers cossus. A la différence du paludisme, les moustiques vecteurs de la dengue ne se reproduisent pas dans les eaux stagnantes et sales des bidonvilles, mais dans les nombreux réservoirs d'eau non recouverts et raccordés aux habitations, les pots de fleurs ou encore les climatiseurs. "Nous avons déployé 3 500 agents qui font du porte-à-porte pour sensibiliser la population à la propagation de la maladie et vérifier que leurs habitations n'abritent pas de foyers d'insectes", explique le docteur Yadav, responsable de la santé publique à la municipalité de Delhi.

Les autorités municipales ont délivré 8 900 contraventions à ceux qui n'avaient pas éliminé les nids de moustiques à leur domicile, mais le montant de l'amende (8 euros) reste peu dissuasif. Le porte-à-porte dans une ville qui compte 5 millions de foyers, alors que l'épidémie n'a besoin que de quelques semaines à la fin de la mousson pour se propager, relève quasiment de la mission impossible.

En l'absence de système de surveillance ad hoc, les autorités sanitaires sont incapables de concentrer leurs actions de prévention et de traitement de la maladie. "La politique de santé publique repose encore sur des programmes hérités des colons britanniques qui devaient lutter contre la peste ou le choléra", observe Olivier Telle, chercheur, basé à New Delhi, de l'Institut Pasteur.

LA MALADIE POURRAIT FAIRE SON APPARITION EN FRANCE

Près des deux tiers de la population vivent ainsi dans des régions où les informations sanitaires font cruellement défaut. Du coup, leurs habitants ne savent ni prévenir ni traiter la maladie. Ils reçoivent aussi moins de fonds du gouvernement, dont les subventions sont distribuées – en partie – en fonction du nombre de cas recensés dans chaque Etat.

L'Inde souffre également d'un problème de gouvernance au niveau local. "A New Delhi, les autorités s'appuient beaucoup sur les associations de résidents pour éradiquer les foyers de moustiques alors que ces derniers sont plus nombreux dans les lieux publics comme les hôpitaux, les jardins ou encore les gares", explique Olivier Telle.

Si rien n'est fait pour contenir l'endémie, le réchauffement pourrait aggraver la situation au cours des années à venir. "La famille des moustiques Aedes qui transmet la dengue est très sensible aux variations climatiques. Des études montrent que le réchauffement pourrait exposer 2 milliards d'habitants supplémentaires à la transmission de la dengue d'ici à 2080", estime l'OMS dans son rapport intitulé "Changement climatique et santé" et publié en octobre 2012.

La maladie pourrait aussi faire son apparition dans des pays de la zone tempérée comme en France, où Aedes est déjà présent dans la région parisienne et dans le Sud-Est. Entre 2006 et 2011, sur les 1 200 personnes touchées par la dengue en Europe, 30 % avaient été contaminées en Inde, selon la veille sanitaire européenne.

Plusieurs organisations internationales et l'Union européenne ont d'ores et déjà commencé à mener des études dans les pays touchés pour mieux comprendre la progression de la maladie. L'Institut Pasteur va, lui, coordonner dès 2013 des études épidémiologiques en Inde, en Thaïlande et au Cambodge, associant des virologues et des immunologues, mais aussi des géographes.

Julien Bouissou (New Delhi, correspondance)

Un candidat vaccin peu probant

 

Maladie infectieuse transmise, comme la dengue, par un moustique, le paludisme a provoqué 700 000 décès en 2010, sur un total de 265 millions de cas. Les principales victimes sont des enfants vivant en Afrique subsaharienne. Les efforts des chercheurs sont donc dirigés prioritairement vers la mise au point d'un vaccin susceptible de protéger la population infantile.

Les résultats d'un essai à grande échelle conduit en Afrique ont été publiés, vendredi 8 novembre, dans le New England Journal of Medicine : le candidat vaccin le plus avancé, le "RTS,S" procure une protection d'un peu moins d'un tiers chez les enfants vaccinés contre les crises de paludisme et leurs formes sévères. Ce candidat vaccin, fabriqué par le laboratoire GSK, vise à induire une réaction du système immunitaire contre le parasite responsable du paludisme – le plasmodium – au moment où celui-ci entre en contact avec le sang de l'individu piqué par le moustique ou avec les cellules du foie.

L'efficacité du RTS,S a été testée dans onze centres répartis dans sept pays africains, grâce, notamment aux financements de la Fondation Gates. Afin de pouvoir déterminer l'effet protecteur à l'égard du paludisme, plus de 6 500 nourrissons, âgés de 6 à 12 semaines, ont reçu soit le RTS,S, soit un vaccin dirigé contre une autre maladie. L'efficacité a atteint 30 %, selon les critères les plus rigoureux d'appréciation. La protection à l'égard des formes sévères s'établissait à 26 % des enfants vaccinés par le RTS,S.

Qualifiés de "modestes" par les auteurs de l'essai, ces résultats sont moins bons que ceux, publiés il y a un an, chez les enfants âgés de 5 à 17 mois : 56 % de réduction des crises de paludisme et 47 % de protection vis-à-vis des formes sévères.

 

L'expansion planétaire du moustique-tigre

 

Famille Les moustiques du genre Aedes forment une vaste famille de plus de 250 espèces, vectrices de nombreux virus, dont ceux de la dengue, du chikungunya et de la fièvre jaune.

"Aedes albopictus" Plus connu sous le nom de moustique-tigre, Aedes albopictusest l'un des agents les plus invasifs.

Originaire d'Asie, il a traversé les océans. On le trouve aujourd'hui dans quelque 80 pays, France comprise.

Ce diptère, doué d'une grande capacité adaptative, se propage par ses œufs, que les femelles pondent de préférence dans les eaux stagnantes.

"Aedes aegypti" Ce moustique est l'un des principaux vecteurs de la dengue et de la fièvre jaune.

Pour freiner sa propagation, la Malaisie, les îles Caïman et le Brésil ont mis en place des programmes d'éradication faisant appel à des moustiques transgéniques, dont les descendants ne sont pas viables.

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