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29 mai 2013 3 29 /05 /mai /2013 16:23

Dans les rues de New Delhi, les vaches sacrées ne vagabondent plus en toute sérénité... Les 40 000 ruminants de la capitale indienne vivent désormais sous la menace de voleurs de bétail. La nuit, des dizaines d'animaux, cibles d'un trafic organisé, disparaissent. Une partie a pour destination le Bangladesh. Près de 1,5 million de têtes de bétail traverserait ainsi la frontière en contrebande chaque année, pour être mangées ou traitées dans les tanneries du pays voisin.

Mais la majorité des vaches rejoint plutôt l'un des quelque 30 000 abattoirs illégaux de l'Inde. Les voleurs commettent alors un double délit. Car, dans la majorité des Etats indiens, tuer une vache est interdit. Pour mettre un terme à cette hérésie, la police multiplie barrages routiers et patrouilles. Et infiltre les réseaux. Rien n'y fait.

Le Bharatiya Janata Party, deuxième parti du pays, vient donc d'exiger un renforcement de la loi sur l'abattage de viande. Mais en attendant, de la vache sort toujours des abattoirs, soit pour nourrir les minorités chrétiennes et musulmanes, soit pour être vendue sous l'étiquette " buffle " aux hindous qui représentent 80 % de la population.

Les hindous sont traditionnellement végétariens. " La consommation de viande a longtemps été considérée comme impure et réservée aux castes les plus basses ", rappelle Estelle Fourat, chercheuse au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirade). L'engouement carnassier est si faible que McDonald's s'est résigné à ouvrir des restaurants végétariens. Pour autant, les habitudes alimentaires évoluent. En 2011, selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), un Indien a consommé 5,5 kg de viande par an en moyenne. C'est 83 kg de moins qu'un Français, mais un chiffre record pour ce bastion végétarien - entre 25 % et 42 % de la population selon les estimations.

Premier cheptel bovin

Depuis la fin 2011, l'Inde possède d'ailleurs le premier cheptel bovin au monde, dépassant le Brésil. Selon le ministère de l'alimentation, le pays compte désormais plus de 3 600 abattoirs déclarés et la production de viande a augmenté de 14 % entre 2010 et 2012. Pour les exportations, mais pas seulement. " Si pour un hindou manger du boeuf demeure tabou, souligne Estelle Fourat, d'autres viandes comme le poulet, le mouton, deviennent plus acceptables culturellement, notamment pour les nouvelles générations. " Les économistes y voient, eux, l'expression de l'enrichissement des classes moyennes.

Pour l'instant, l'Inde, malgré une population de 1,24 milliard d'habitants, ne consomme que 2,2 % de la production mondiale de viande. Si les habitudes venaient à changer, " cela accentuerait les risques de maladies infectieuses, diminuerait la qualité des terres arables, et aurait un impact désastreux en termes d'émissions de gaz à effet de serre ", avance Marie-Claude Dop, de l'Institut de recherche pour le développement (IRD).

Un scénario auquel ne veut pas croire, pour le moment, Estelle Fourat : " En Inde, la consommation de viande ne se résume pas encore à une question de pouvoir d'achat. Les traditions vont continuer à peser. "

Amélie Mougey

Source : Le Monde 30 mai 2013

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